Pour Picasso, c’est une évidence. Tout est perçu sous forme de figures. L’existence de styles artistiques figuratifs et non figuratifs n’a donc pas de sens. En dépit de la perception de cette icône de la peinture, l’art figuratif reste un concept très répandu. Qu’en est-il réellement ? Qu’est-ce que c’est ? D’où vient ce style et comment le décrire ? Découvrez l’art figuratif, décliné en une multitude de styles à travers les siècles dans ce décryptage.
Art figuratif : qu’est-ce que c’est ?
L’art figuratif consiste à représenter des éléments réels : des objets, des personnes, des paysages, des constructions… Les objets d’inspiration peuvent être dessinés, peints ou sculptés tels quels, de sorte que ces derniers soient restitués de la manière la plus fidèle possible. Il s’agit alors d’œuvres réalistes. Le naturalisme porte, quant à lui, sur une réplication se rapprochant le plus possible de l’original d’un paysage ou d’un élément de la nature.
Généralement, l’art figuratif vise surtout à véhiculer un message et non à répliquer avec exactitude un modèle. Il met surtout en exergue un aspect particulier pour véhiculer un message que le public est appelé à discerner.
Dans son sens originel, l’art figuratif se base sur un modèle de référence réel, par opposition à l’art abstrait qui ne se base sur aucun objet visible. Avec le temps, cette qualification s’est étendue aux œuvres d’art moderne rappelant de manière frappante une réalité.
Parmi les médiums, l’art figuratif a longtemps privilégié la peinture, la gravure et la sculpture. Toutefois, avec l’évolution technologique et surtout l’émancipation des ères modernes et contemporaines, il s’exprime aujourd’hui à travers différents canaux. Photographie, sérigraphie et art numérique font maintenant partie de son apanage de disciplines.
Quelques œuvres et artistes notoires de la peinture figurative
La trahison des images, réalisée par René Magritte en 1929, est la référence incontournable quand il s’agit d’art figuratif. L’auteur de cette toile y dessine une pipe avec la mention « Ceci n’est pas une pipe ». Sur cette note de paradoxe, Magritte lance à ses spectateurs le défi de voir au-delà de ce qui est suggéré. Cette huile sur toile est sa manière de dire qu’une représentation reste une réplication et non le véritable objet, aussi fidèle soit elle.
L’illustre Pablo Picasso est aussi une figure emblématique de l’art figuratif. Dans sa Période bleue, ses toiles expriment son chagrin, sa douleur et sa solitude suite à un deuil. Son œuvre La Mort de Casagemas présente son cher ami Casagemas, une bougie éclairant son visage à jamais endormi. Picasso produit également Autoportrait, avec une mélancolie soulignée par la palette bleu sombre et les traits endeuillés du visage. Vient ensuite la période rose. Le peintre ajoute des couleurs plus vives et plus gaies, comme le rouge et le rose à sa palette. Il n’invoque plus la mort, et présente même des scènes de cirque. Cependant, la tristesse émane encore de ses personnages. Il entre enfin dans sa phase « Cubisme », le style qui vient d’emblée à l’esprit en entendant le nom « Picasso ». À sa façon, il réinvente le figuratif.
Dans La femme qui pleure, le cubiste décompose les formes géométriques des sujets représentés. Dans le même registre Nu couché et homme jouant de la guitare et Portrait de Nush Eluard sont disponibles sur notre site en édition. Juliette Lambert, Mezzo ou encore Gébraël représentent d’autres facettes de l’art figuratif au sein de notre artplace.
Une tradition qui évolue au fil des âges
Avant le grand sacre des Temps modernes marqué par Picasso, l’art figuratif existait déjà. La peinture des bisons de la grotte d’Altamira, datant d’il y a plus de 17 000 ans, suggère que le figuratif remonte à l’ère préhistorique. La Mimèsis qui est l’imitation de la nature employée en littérature est un repère indissociable à l’histoire de l’art figuratif. Concept émergeant de la Grèce antique, elle a longtemps imprégné la tendance artistique des occidentaux.
Le figuratif est également présent dans la culture artistique des civilisations orientales de l’Antiquité. Les temples hindous, le Masque de Toutânkhamon en Egypte, ou encore les représentations sculpturales gréco-bouddhique en sont des exemples explicites.
En raison des dogmes religieux, d’autres cultures ont délaissé la représentation naturaliste. Elles donnent naissance à une expression spécifique de l’art figuratif. Il s’agit de l’art indien, coréen et japonais précédant l’invasion des Occidentaux. Les artistes recourent alors au symbolique pour représenter leurs divinités et tout ce qui est tenu sacré, évitant ainsi le sacrilège de la reproduction. S’abstenant de toute représentation sous forme d’icône, les esthètes bouddhiques s’adonnent à ce qui est connu pour être l’art aniconique. Les artistes adeptes de l’islam adoptent eux aussi ce principe. Dans les Omeyades de Damas, il s’applique non seulement à la divinité vénérée, mais également à toute forme humaine et animale.
Des figures emblématiques de la Renaissance comme Michel-Ange et Léonard De Vinci s’expriment également à travers de l’art figuratif.
