Son audacieuse rupture avec les normes de représentations classiques, l’art contemporain l’a héritée de l’art moderne, son devancier. Photographie, sérigraphie, peinture, dessin, le génie qui sommeille en chaque esthète n’est plus cantonné aux toiles et au marbre. Outre la technologie, le contemporain se démarque aussi du moderne par l’appel à la réflexion lancé à ceux qui le contemplent. Et parce derrière toute œuvre se cache un esprit artistique, découvrez sans plus attendre les icônes de ce courant créatif fascinant.
Philippe Pasqua, le maestro multidisciplinaire
Parmi les figures encore vivantes de l’art contemporain français, Philippe Pasqua est apprécié pour sa verve libre et son style révolutionnaire. Peintre, dessinateur, sculpteur, cet autodidacte accompli, connaît peu de limites dans sa créativité.
Ses œuvres abordent sans réserve des thèmes qui choquent et touchent en profondeur. Au début de sa carrière, les prémices de son génie s’articulent autour du thème de la mort. À l’aube de la vingtaine, il adopte les vaudous et les fétiches dans ses premières toiles. En suivant son inventivité et sa volonté de sortir des sentiers battus, il s’adonne à une passion nouvelle : la sculpture. Au travers cette autre discipline artistique, il interpelle, une fois de plus, les attentions sur la fragilité de la condition humaine. Ses sculptures mettent en avant le crâne, emblème historique des vanités au papillon, symbole par excellence du caractère éphémère de l’existence humaine.
Le handicap et la sexualité sont d’autres sujets récurrents dans ses œuvres. Exposée au réservoir, sa toile Buste Femme Rouge, se réfère à la prostitution, et dégage la passion et la violence associées à ce métier.
Robert Combas, précurseur de la figuration libre
Avec Rémi Blanchard, François Boisrond et Hervé Di Rosa, Robert Combas est le réputé précurseur du mouvement de figuration libre. Sa formule : « 30% provocation anti-culture, 30% Figuration Libre, 30% art brut, 10% folie » !
Du haut de ses deux printemps, Combas était déjà artiste dans l’âme. Aux premières loges de son talent incontestable, ses parents le soutiennent dès ses premiers pas. Né en 1957 à Lyon, il grandit à Sète, le théâtre d’une jeunesse imprégnée de carnaval, d’humour noir, de rock and roll, mais aussi de communisme. Cette époque de sa vie va d’ailleurs inspiré sa première toile sur le thème de la liberté. Liberté de s’inspirer de BD comme de Picasso, liberté d’associer les deux, liberté de réaliser « from scratch », en partant de matériaux ordinaires, voire recyclés.
Combas intègre les beaux-arts dans les années 70, où il apprend avec appétence la technique de la gravure. Il rencontre l’amour de sa vie : Ketty Brindel, et se lie d’amitié avec Hervé Di Rosa. Avec son trio d’amis, il enfante cet art alliant gravure, peinture et inspirations libres, avec une note d’humour et de provocation. Bandes dessinées, combats, musique, tout est imbriqué. Autant pour le matériel, ils prennent leurs aises en faisant du papier kraft, des cartons d’emballages, des draps ou encore des portes des toiles sans pareil. « Elio Marin », « Les jambes en fanfare » ou encore « Bataille » feront le bonheur des collectionneurs friands de figuration libre.
Damien Mauro, alias Goddog
Véritables appels au voyage et à l’exploration, ses fresques subliment la vue. En misant sur les nuances de pastel et la beauté de ses motifs en relief, Goddog apporte une touche apaisante et délicate aux regards croisant ses réalisations contemporaines. Le droit au beau pour tous, c’est ce que revendique ce talentueux artiste qui expose ses fresques dans les rues, pour le plus grand plaisir des passants… D’où lui vient ce désir et ce savoir-faire qui brise les barrières sociales et permet à tous de se délecter du beau ? De sa ville natale, bien sûr !
Né à Châlons-en-Champagne, il passe son enfance à Orgosolo (en Sardaigne). Berceau même du street art, le village adopte la peinture murale dès les années 60 pour marquer la libération du fascisme. Pour Goddog, le mural n’est pas qu’un talent à prouver, c’est avant tout une envie de tisser un lien avec les âmes.
Fasciné par l’univers si singulier de Damien Mauro ? N’hésitez pas à découvrir ses œuvres, mélangeant street-art et figuration libre.
Claude Viallat, fondateur de Supports/Surfaces
Né à Nîmes en 1963, Claude Viallat est connu pour la singularité de son style, consistant à réitérer des motifs et des formes sur des surfaces peu conventionnelles. Son approche innovante et non conforme aux codes établis intrigue et fascine à la fois. Connu pour se réinventer et explorer sans relâche, il va de l’art abstrait aux formes figuratives, suscitant à chaque fois l’intérêt des critiques et des collectionneurs.
Il attire l’attention, il crée, il expérimente et il sort du statu quo. Pour lui, le préétabli doit être remis en question. Le peintre commence par retirer petit à petit les cadres aux toiles, et voir le résultat des différents supports. Il explore par la suite différentes composantes de la peinture. Plus tard, ce sont les lieux de rencontre entre artistes peintres et collectionneurs qu’il bouleverse. Ses œuvres avant-gardistes sont alors exposées dans des cadres, pour le moins, peu conventionnels, au cœur de villages anciens ou suspendus aux arbres, en pleine nature. C’est dans cet esprit qu’il fonde le mouvement Supports/Surfaces avec Daniel Dezeuze, Marc Devade et Vincent Bioulès.